Les jeux vidéo ont souvent mauvaise presse, en particulier dans la frange la plus âgée de notre population. Tour à tour accusés d’être violents et abrutissants, on a du mal à imaginer qu’ils puissent avoir un bénéfice quelconque sur l’intellect des utilisateurs… Pourtant, plusieurs études récentes ont montré que les jeux vidéo pouvaient améliorer nos capacités cognitives. Certains risques existent, mais ils sont limités, et généralement évitables.
Une recherche encourageante
N’en déplaise aux alarmistes, les résultats des recherches sur l’utilisation des jeux vidéo tendent à montrer qu’ils pourraient avoir des effets bénéfiques, notamment en ce qui concerne les capacités cognitives des utilisateurs. Cela est connu : l’environnement peut modifier les connexions synaptiques du cerveau… Y compris, donc, lorsqu’il s’agit de jeux vidéo. Certains risques existent, mais ils sont faibles et évitables.
Ainsi depuis plus de 30 ans, des recherches ont été menées afin de comparer le cerveau des utilisateurs réguliers de jeux vidéo et les autres… Et les tendances observées sont très largement similaires : jouer aux jeux vidéo améliore sensiblement certaines capacités cognitives.
Capacité d’observation, prise de décision, précision, rapidité d’exécution… Les études montrent de meilleurs résultats chez les joueurs de jeu vidéo dans tous ces domaines.
Une meilleure perception sensorielle
Par exemple, une étude de l’université de Georgia parue en 2022 a obtenu des résultats parlants à partir de plusieurs tests simples et d’imagerie cérébrale de type IRM.
Ces tests ont démontré une meilleure réception et une bonne accumulation des informations sensorielles perçues. Les joueurs déduisent plus facilement la vitesse des objets. Ils ont une meilleure perception des mouvements, ainsi qu’une plus grande aisance à faire le tri entre les informations pertinentes et les autres.
Plus de précision et de rapidité
La même étude montre que les joueurs de jeux vidéo réguliers sont plus rapides et précis dans leurs réponses que les autres. En ce qui concerne la précision, la différence n’est pas énorme. Les joueurs sont en moyenne plus précis de 2,24 %.
Ils sont en revanche bien plus rapides. Les temps de réaction sont plus faibles, avec une moyenne de 190 ms, tandis que le temps de réaction standard est de 200 à 300 ms.
Pour expliquer ces résultats, l’IRM a démontré que chez les joueurs réguliers, 3 régions du cerveau (lobule lingual droit, thalamus gauche et aire motrice supérieure droite) sont plus actives.
Des recherches confirmées dans le temps
Il ne s’agit là que d’une étude récente, mais comme nous le disions, des recherches du même ordre sont conduites depuis plus de 30 ans, et les résultats ne font plus aucun doute.
Le jeu vidéo d’action améliore tout un ensemble de capacités visuelles, en particulier l’attention visuelle sélective. L’attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non-joueurs. Ils sont également capables d’appréhender un plus grand nombre d’objets d’un seul coup d’œil, car leur vision centrale et périphérique est plus efficace.
Quelques bémols
Perception sensorielle, en particulier visuelle, précision, réflexes, et même déduction logique… Les jeux vidéo ont donc des avantages non négligeables sur le cerveau des utilisateurs. Mais pour être tout à fait objectif, il faut néanmoins garder en tête que les jeux vidéo présentent quelques risques, et que les avantages évoqués ne sont pas systématiques.
Différents jeux pour différents bénéfices ciblés
Il faut tout d’abord savoir que selon le type de jeu vidéo, les bénéfices à en retirer ne seront pas toujours les mêmes. Par exemple, les jeux de tirs et d’action améliorent les capacités visuelles et le temps de réactivité tandis qu’un jeu de gestion aura surtout tendance à améliorer les capacités de déduction et de réflexion des joueurs.
En bref, jouer à n’importe quel jeu ne rend pas plus intelligent dans tous les domaines… Il faut simplement retenir que certains jeux peuvent améliorer certaines capacités cognitives, rien de plus.
Des risques pour la santé
Il faut aussi reconnaître que les jeux vidéo ne sont pas sans risque pour la santé. Bien évidemment, ces risques sont minimes. Ils sont même faciles à éviter lorsqu’ils sont connus. Mais ces risques sont néanmoins présents, et il serait malhonnête de les passer sous silence.
Le risque d’épilepsie, par exemple, est l’un des plus connus. Il est bel et bien présent, en particulier chez les personnes photosensibles. Ce risque peut toutefois être réduit en utilisant un écran avec un bon taux de rafraîchissement, et en ce positionnement suffisamment loin de l’écran.
Le risque de dépendance et de repli sur soi est également réel, même s’il est très faible. Les jeux vidéo peuvent devenir un échappatoire pour les personnes en souffrance, notamment les personnes dépressives ou phobiques sociales… Le problème est rare et ne concerne que 1% des 2 milliards de joueurs à travers le monde.
Un véritable diagnostic peut être posé lorsqu’il y a surinvestissement dans le jeu au détriment de la vie affective, familiale, scolaire ou professionnelle. Dans ce cas, il faut bien entendu prendre le problème à bras le corps… Mais en gardant toujours en tête que le jeu vidéo n’est pas la cause du problème. Il n’est qu’un symptôme d’un mal-être plus profond.
Et la violence ?
En ce qui concerne la violence, le résultat est sans appel : les jeux vidéo ne rendent pas violent. Les études ne montrent pas de lien de causalité entre utilisation de jeu vidéo et comportement violent.
Une certaine corrélation existe. Autrement dit, les personnes violentes, ou vivant dans un environnement violent, ont tendance à jouer à des jeux violents. Mais l’inverse n’est pas vrai.Bien entendu, il reste néanmoins essentiel de respecter les limitations d’âge afin d’éviter aux enfants d’être confrontés à des scènes trop difficiles, et parfois même traumatisantes.